Au Sud de la Touraine, la forteresse de Montbazon est un monument du Val de Loire qui compte plus de mille ans d’histoire, soit l’un des plus anciens châteaux médiévaux de France. Au départ donjon en bois en 991, le célèbre Comte d’Anjou Foulques III Nerra, « craint de Dieu et redouté du diable », remplace cette construction sommaire par un géant donjon de pierre haut de 36 mètres et dont les murs à la base atteignent trois mètres d’épaisseur. Son idée est alors très précise : conquérir la ville de Tours alors aux mains de son cousin et ennemi Eudes de Blois. Ce batailleur infatigable, redoutable guerrier et robuste bâtisseur est à l’origine de pas moins de cinquante châteaux, églises, abbayes ou monastères. Montbazon est l’une de ses constructions les plus impressionnantes. À travers de nombreuses animations proposées durant la saison estivale, la forteresse permet aujourd’hui de se plonger dans l’ère médiévale, de découvrir l’art militaire de cette époque et de comprendre sa turbulente histoire du Xe siècle à nos jours.
Sous l’œil attentif de la Vierge de Montbazon hissée en haut du donjon en 1866, les visiteurs sont amenés à traverser les siècles de ce trésor patrimonial. Après la mort de Foulques Nerra au retour de sa quatrième croisade, en 1040, son fils Geoffroi Martel entreprend la construction d’un « petit donjon » ou avant-corps. Sous l’impulsion d’un autre de ses descendants, le roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt, la forteresse de Montbazon prend réellement la forme d’une forteresse imprenable à partir de 1175. Nous devons à l’époux de la convoitée Aliénor d’Aquitaine les murailles crénelées, le chemin de ronde et la haute cour.
En 1205, Philippe Auguste, Roi de France, récupère la forteresse de Montbazon à son profit. Il ajoute sa pierre à l’édifice en construisant notamment les tours rondes et les remparts de la seconde chemise, fortifiant encore davantage le château et consolidant ses murailles. La bâtisse fortifiée est ensuite transmise à plusieurs familles dont la plupart ont eu un écho particulier dans l’histoire de France : les Mirabeau, Savary, Craon et les La Rochefoucauld avant de passer aux Rohan, ducs de Montbazon, jusqu’à la Révolution. Le donjon, abandonné depuis déjà plusieurs siècles, continue de surplomber la cité et les eaux de l’Indre. Aujourd’hui, c’est une chance qu’il soit encore possible d’observer son organisation et l’intelligence de son agencement intérieur.
La visite permet ainsi de découvrir un ensemble fortifié exceptionnel, mais pourtant, quelques constructions ont aujourd’hui disparu : c’est le cas notamment d’une partie du « petit donjon » de Geoffroi Martel ou encore d’un deuxième château construit aux alentours de 1425 et démoli en 1746 pour empierrer le lit de l’Indre. Les machines de guerre à balancier, disposées sur le site et en état de fonctionnement -la bricole, le trébuchet et le couillard-, permettent d’appréhender l’évolution des techniques militaires au fil des siècles dans un cadre on ne peut plus authentique.